
Le natif de Bonadoumbe, a laissé une fortune estimée après son décès, le 26 mai 1996, à 1000 milliards de Fcfa. Son patrimoine couvre les secteurs de la santé, l’immobilier, l’industrie, le foncier, les Btp, les finances, etc. Son œuvre économique, politique, sociale et traditionnelle a fait l’objet d’une conférence le 14 novembre 2019 à Douala.
Parmi les points inscrits dans les festivités du Ngondo 2019, l’assemblée traditionnelle du peuple Sawa, figure l’hommage à Paul Soppo Priso, fils Sawa et figure emblématique du Cameroun. Georges Dooh Collins lève un pan de voile sur le contenu de la cérémonie d’hommage qui aura pour le cadre la grande salle André Siaka du Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam). Paul Soppo Priso était en effet un homme pluridimensionnel. Né le 19 juillet 1913 à Bonadoumbé, dans le Canton Njo Njo, dans l’arrondissement de Douala 1er, Paul Soppo Priso est le second fils de Mouelle Priso et de Jeanne Dina.
Il va se lancer dans les affaires après avoir constitué une immense richesse dont l’origine a longtemps alimenté la polémique. Sa fortune serait liée à sa proximité avec les milieux coloniaux français. Dans les années 1930, alors que la Seconde Guerre mondiale s’annonce, le 3ème Reich allemand envisage de récupérer ses anciennes colonies perdues en Afrique lors de la guerre de 1914-1918 et mène une campagne active à cet effet. Un courant germanophile commence à gagner du terrain dans l’opinion autochtone camerounaise. En 1938, Paul Soppo Priso devient président d’une organisation francophile, créée à l’initiative du gouverneur colonial français, Richard Brunot, nommée Jeunesse camerounaise française (Jeucafra). Son but est de susciter des sympathies profrançaises au sein de l’opinion publique camerounaise pour contrer les idées germanophiles.
Services rendus
Soppo Priso va ainsi abondamment béné?cier de subventions importantes provenant des fonds secrets français, selon les témoignages recueillis par Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, les auteurs du livre «Kamerun». A la ?n de la guerre, l’administration lui autorise à conserver l’argent pour service rendu. Au sujet de l’origine de sa fortune, son ami André Bovar, le premier président de l’Assemblée camerounaise, explique qu’:«au départ, pour animer la Jeucafra, Soppo Priso était largement subventionné par les fonds secrets. A la fin de la guerre, l’administration lui a dit : «après tout, vous avez rendu service, gardez le fric». Enrichi par les fonds secrets et devenu entrepreneur, Paul Soppo Priso met à pro?t son carnet d’adresses politique, grâce auquel, l’administration lui alloue des quotas de ciment contingenté et lui attribue des prêts, rapportent les trois auteurs. Avec cet argent, il devient entrepreneur et ses relations avec l’administration lui permettent d’obtenir facilement des contrats dans le secteur du BTP. Le journaliste Philippe Gaillard, récemment décédé et cité par les auteurs, raconte de son côté que Soppo Priso servait de «prête-nom au directeur des travaux publics, Mauclère, pour une entreprise de bâtiment dont il a hérité au départ du territoire de ce fonctionnaire français».
Division
Dans le Cameroun des années 1950 et 1960, il investit lourdement dans la pierre. Il acquiert un nombre impressionnant de terrains entre 1950 et 1970, essentiellement à Douala. Bonapriso, le quartier chic de Douala, fut un temps constitué de nombreuses villas lui appartenant. Paul Soppo Priso construit pour une clientèle aisée, presque exclusivement occidentale. Il crée plusieurs sociétés civiles immobilières à Douala, dont l’Union générale immobilière du Cameroun (Ugic) et l’Union générale immobilière de Douala (Ugid). Il possède aussi un nombre important de biens achetés en France, dans l’immobilier parisien. Des appartements dans les Hauts-de-Seine (à Neuilly et à Boulogne-Billancourt) et dans le Var (à Nice). Il aurait également possédé des actions dans de grandes entreprises occidentales : Total, Cfao, Schlumberger Ugid, Ugic et Axa, etc., sa fortune est estimée à plus de 1000 milliards de Fcfa, répartis en actifs immobiliers entre Douala, Paris, Yaoundé, Buea, etc. (600 milliards de Fcfa), puis en dépôts bancaires au Cameroun et à l’étranger (400 milliards de Fca). Une fortune malheureusement abandonnée.
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