L’histoire de Baba Simon Mpecke (1906 – 1975)

par mboasawa

Le « père » des Kirdis, le 1er missionnaire camerounais.

Mpecke est né en 1906 à Log Batombé, près d’Edea.

Sa mère était Iniyem Ngo Epouhe, paysanne qu’on surnommait « Inison » et son père était Joseph-Marie Yomba, cultivateur, notable et adepte de la société du Njee à laquelle il voulait initier son fils pour qu’il devienne un « coryphée » (grand-prêtre) plus puissant que lui-même et qu’il soit potentiellement désigné chef supérieur Adiè.

En 1914, à l’âge de 8 ans, Mpecke fait ses études primaires à la mission catholique d’Edéa, ouverte par la congrégation des Pallotins à l’époque des colonies allemandes, où il obtiendra quelques années plus tard son certificat d’études primaires.

Mpecke demande le baptême et son vœu ne sera exaucé que quatre ans plus tard.

Il est baptisé à Édéa en 1918 par le père Louis Chevrat qui fait partie des prêtres spiritains français qui ont remplacé en 1915 les pères pallotins allemands.

Désormais Baba Mpecke s’appellera Simon Mpecke.

En 1920, Simon obtient son diplôme de moniteur indigène à la mission catholique d’Édéa. Il est alors moniteur et instituteur dans des écoles de brousse puis à la mission centrale d’Edéa.

Il se met aussi à l’étude du latin.

C’est en 1921 qu’il exprime son vœu de devenir prêtre et rompt ses fiançailles avec la jeune fille qui lui était promise.

En 1923, il devient alors le premier moniteur de la mission d’Edea.

En 1924, Simon Mpecke fait son entrée au petit séminaire de Yaoundé qui a ouvert ses portes l’année précédente.

Il sera alors profondément marqué par l’exemple et la vie de Mgr François-Xavier Vogt.

D’octobre 1927 jusqu’en Décembre 1935, suite à l’ouverture du grand séminaire de Mvolyé, il fait ses deux années de philosophie ainsi que ses quatre années de Théologie.

En même temps de 1932 à 1933 il enseigne au petit séminaire d’Akono.

Le 8 décembre 1935, Simon fait partie des 8 premiers camerounais à être ordonnés prêtres dont:

quatre du diocèse de Yaoundé: André Manga, Tobbie Atangana, Théodore Tsala et Jean Tabi, et quatre du diocèse de Douala: Simon Mpecke, Oscar Missoka, Jean Oscar Awue et Joseph Melone.

Cette ordination sacerdotale est une étape importante dans l’histoire de l’Église au Cameroun, elle ouvre une nouvelle ère pour le pays.

Comme premier ministère, il est nommé vicaire à la mission de Ngovayang et selon la théologie de son époque, il prend position très fortement contre les pratiques des religions traditionnelles de la région.

En 1947, il est nommé à la paroisse du quartier New-Bell à Douala, où il deviendra curé l’année suivante. Il donne son essor à la paroisse et développe les congrégations et confréries diverses.

Cette même année, l’abbé Simon Mpecke lit un article où il apprend l’existence de populations païennes dans le Nord-Cameroun.

Dès lors, selon son propre témoignage, il sent naître en lui une grande sympathie à l’égard de ces populations.

En 1953, l’abbé Simon Mpecke rejoint l’Institut séculier des Frères de Jésus et part pour un an faire son noviciat en Algérie.

Il est l’un des fondateurs au niveau international de l’union Sacerdotale « Jésus Caritas » et devient son premier responsable au Cameroun et dans cette région d’Afrique.

En 1957 l’abbé Simon Mpecke part pour le Nord-Cameroun comme missionnaire et prêtre Fidéi Donum.

En février 1959, à la demande de Mgr Plumey, l’abbé Simon rejoint Tokombéré.

Le docteur suisse Giuseppe Maggi s’est déjà installé dans ce village pour fonder un hôpital, là où il n’y a que quelques cadres coloniaux français et des techniciens qui introduisent la culture du coton.

Il y a aussi quelques missionnaires catholiques Oblats de Marie-Immaculée depuis 1947.

Après un bref séjour à Mayo-Ouldémé, auprès des Frères de Jésus, Simon Mpecke s’installe à Tokombéré dans le diocèse de Maroua-Mokolo pour fonder une mission, rejoindre les Kirdis, ceux qu’on appelle les « païens ».

Il est le premier prêtre séculier camerounais missionnaire dans son propre pays et fonde une mission en 1961.

Le Sud du Cameroun est passé en majorité au christianisme alors que le Nord, habité par des peuples d’origine soudanaise, est le fief de l’Islam.

Allant à contre-courant, Simon Mpecke, missionnaire catholique, décide de casser ce schéma.

Les débuts de la Mission catholique de Tokombéré sont l’occasion d’une expérience missionnaire exceptionnelle, la tâche n’est pas facile car les populations sont très méfiantes de cet homme venant du sud.

Dès le début, la scolarisation des Kirdis devient sa préoccupation quotidienne.

Sa bonté légendaire le désigne bien vite  » Baba », ce qui signifie à la fois papa, patriarche, sage et guide, tous hommes et femmes, adultes et enfants, Kirdis et musulmans viennent à l’appeler spontanément Baba.

Une fois fixé dans cette région, il ne cesse de multiplier ses visites à de nombreux villages des alentours. Un profond souci apostolique l’habite. Il est attentif à tout ce qui fait la vie des Kirdis.

Pour Baba Simon, l’école, c’est la vie et elle permet aux hommes de lutter contre l’ignorance, les servitudes et la peur.

Il combat l’ignorance pour la dignité humaine. Il décide alors de porter l’instruction jusqu’au domicile des parents en leur donnant la possibilité d’assister à « l’école sous l’arbre », une école sous les yeux de tous, au cœur même de la vie des Kirdis.

Il construit par la suite l’école Saint-Joseph de Tokombéré et obtient l’autorisation d’ouvrir d’autres écoles à Bzeskawé, à Rindrimé et à Baka.

Il crée un internat pour les garçons et un autre pour les filles, géré par les « Servantes de Marie ».

Baba Simon traite les enfants musulmans avec beaucoup d’amitié.

Il apprend aux Kirdis à aimer les musulmans comme leurs frères de sang et fait de même avec les musulmans.

Par l’école, les structures sanitaires, l’engagement contre l’injustice, l’encadrement des jeunes et l’appel à la fraternité universelle, il permet une réelle promotion des populations Kirdis trop longtemps laissées pour compte par le reste du pays.

Il partage la vie des Kirdis, leur pauvreté et il lutte contre la misère.

Son souci du dialogue permanent avec les responsables des religions traditionnelles en fait un précurseur prophétique du dialogue interreligieux.

Il aime voyager afin de trouver l’aide nécessaire pour ses oeuvres en faveur des Kirdis, spécialement pour les élèves et les internes.

Il voyage donc en France, en Suisse , en Italie , en Espagne et en Israël.

Le 13 août 1975, épuisé, Baba Simon meurt à Édéa après un séjour en France pour recevoir des soins, loin de Tokombéré, sans pouvoir revoir les Kirdis.

Il est inhumé à Edea.

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Collection Cameroun Rétro – Photos du passé

Eglise et mission / diocèse de Macona Mokolo

Parousie

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