fondé par Hermann Kessern dit Muna et ses trois amis Adolf Ewane Ngange, Jakob Mandenge et Hermann Mandenge.
Hermann Kessern dit Muna est né le 24 Mai 1896 à Douala, il a reçu une éducation catholique et il a été formé à l’école gouvernementale allemande de Duala.
Après ses études il a été employé de la poste.
Fasciné par les navires qui venaient accoster au port de Douala, il a décidé de découvrir le monde.
Engagé comme stewart sur un navire de la Woermann-Line, Hermann Kessern a embarqué pour l’Allemagne.
Pour ses trois autres compagnons, on ne sait pas vraiment comment les jeunes hommes ont réussi à embarquer, sûrement sans autorisation officielle et contre la volonté de leurs parents.
Les quatre jeunes aventuriers sont arrivés en Allemagne en 1912.
Afin de gagner leur vie, les quatre jeunes hommes avaient fondé un groupe d’artistes nommé « Les Bonambelas » (ou aussi « les Bonamikengés »)
Ils faisaient des représentations dans diverses compagnies de cirque .
Hermann Muna Kessern aurait travaillé en Westphalie comme valet de chambre pour le duc de Croy à Dülmen pendant 3 ans avant que ses amis n’aient réussi à le convaincre de se former et de travailler comme artiste.
Pendant leurs tournées, ils ont rencontré aussi d´autres Doualas qui étaient devenus célèbres et dont nous avons présenté leur portrait sur cette page, comme Ludwig Mpesa, alias Louis Brody et surtout Joseph Ekwe Bile, un technicien de construction qui dirigea à partir de 1920 la section allemande de la “Ligue pour la défense de la race noire”.
C´est aussi en 1920, que Hermann Kessern fait sa première apparition dans la ville de Crailsheim. En raison de l´accueil chaleureux que les gens de cette ville lui avaient réservé, il y est finalement resté toute sa vie comme citoyen de Crailsheim.
Quand sa première logeuse, Madame Birker, á l´adresse : Grünbaumgasse no 7 parlait de lui, elle disait : «des isch mei Bua!» (c´est mon fils!).
Kessern a fait encore de nombreuses apparitions avec ses compatriotes dans différents endroits entre la Belgique (Charleroi) et l´Autriche (Vienne).
A partir de 1933 il a vécu chez un boucher juif nommé Mezger et à partir de 1937 chez un marchand de bétail juif nommé Hallheimer.
Les chemins des jeunes camerounais se séparent à partir de 1940 juste après le début de la Seconde Guerre mondiale. C´est aussi l´année du décès de Jakob Mandenge, qui a passé ses dernières années à Vienne.
Hermann avait rencontré sa femme Anna en 1927, mais ce n’est que le 20 mars 1948, 21 ans plus tard, qu’ils ont pu se marier. Un éventuel mariage a d’abord été empêché par sa famille puis évidemment par la législation raciste de l’époque nazie.
Hermann était très populaire à Crailsheim et il était même devenu assez célèbre pour ses apparitions dans les écoles de toute la région du Württemberg.
En 1956, en proie à des rhumatismes, il devait abandonner sa carrière de cirque.
A partir de 1961, plusieurs articles sur son anniversaire paraissaient régulièrement dans la presse locale. Il a également reçu la visite d’amis et de représentants de la communauté.
Parmi les invités figurait la fille de son ami Jakob Mandenge, qui vivait avec son mari aux États-Unis depuis l’après-guerre.
Lors de son dernier anniversaire, le 24 mai 1981, il a demandé à son gendre d’apporter un gros gâteau à l’hôpital. Il avait invité ses camarades patients pour un café.
Malade du coeur, Hermann Muna Kessern est décédé le 10 Août 1981 à Crailsheim.
Après sa mort, une cousine à Douala devait hériter du produit de la vente de ses biens. Cependant, on ne sait pas à ce jour si l’héritage a bien pris le chemin vers le Cameroun.
Dans les années 20 de nombreux Africains et leurs enfants d’origine allemande se sont réinventés en tant qu’acteurs, musiciens, danseurs et artistes de cirque.
A cette époque la discrimination raciale rendait très difficile à ces noirs immigrés l’accès à d’autres formes d’emploi..
D’après le livre: « Der kameruner Artist Hermann Kessern (nommé parfois Muna) » paru en 2010, de Mme Dr. Monika Firla à Stuttgart, spécialiste de l’histoire des Africains en Europe germanophone.
Sur la photo de 1920,
à gauche Jakob Mandenge, au milieu Adolf Ewane Ngange et à droite Hermann Kessern dit Muna.
Collection Cameroun Rétro – Photos du passé
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