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CANTON DEïDO


S.M. EKWALLA ESSAKA Frédéric James

Chef Supérieur du Canton DEIDO

». L’ancêtre descendait d’un nommé Ebele. Celui- ci quitta son village natal, dit la tradition, pour se diriger vers la côte, à la recherche de sel

L’origine patrilinéaire de l’ancêtre éponyme des « Deidolais », à savoir Ebele a toujours laissé libre cours à mille et une controverses.

Bien que le texte de la tradition I.B.B* revête des incohérences tant au regard de la forme que du fond, il y est mentionné de manière intégrale que : Tandis que le clan NJO se fragmentait, apparut le lignage Deido qui s’affranchit de la tutelle Akwa. Les Deido d’après la tradition I.B.B sont issus d’un ancêtre d’origine Abo et d’une femme Duala, du clan de « Kouo ». L’ancêtre descendait d’un nommé Ebele. Celui-ci quitta son village natal, dit la tradition, pour se diriger vers la côte, à la recherche de sel. Atteignant le Mont Koupe, une partie des siens l’abandonna, lassée de guerroyer sans cesse et se fixa à Loum. Le reste du groupe continua sa migration toujours en direction de la mer. Mais à Penja, une fraction s’arrêta et s’installa. Il en alla de même durant tout le trajet : à Njombe, Mbanga… où d’autres migrants s’implantèrent. Il prit chez les maternels d’Ebele, une femme qu’il acquit, et la ramena chez lui, pour son fils. Ce dernier épousa une fille de Kwan Ewonde, son oncle maternel. Elle s’appelait Jinge.

Ainsi Ebele, qui appartenait à sa famille maternelle, prenait chez elle une fille comme un étranger l’aurait fait : la fille ayant été « dotée », la descendance lui revenait. Ebele était à la fois neveu et allié de Kwan Ewonde. C’est d’ailleurs pourquoi, ajoute la tradition, les Akwa disent des Deido qu’ils sont des bamoyo et bamola.

Ebele eut d’autres épouses qu’il répartit dans deux foyers. Dans celui de Jinge, Teki, dans celui de Moula, sa seconde femme, Tene ainsi que Nambeke. Par la suite, les descendants de chaque femme formèrent les cinq segments du lignage Deido : les Bonajinge, les Bonamoudourou, les Bonateki, les Bonatene et les Bonantone ».

Au passage, notons que Jinge correspond à Jinje. Elle n’est pas la fille de Kwane Ewonde Kwane comme sus- évoqué, mais celle de Mukwane Bona Bona. Et ce n’est pas le fils d’Ebele qui épousa Jinje mais Ebele lui-même. Par aïlleurs, c’est Enjobe Ebele Ebonge qui connut une fille du nom de Kaña et non Epeye. Epeye Kwane Ewonde était plutôt le père de Kaña. Kaña n’était pas la sœur de Kwane Ewonde Kwane, elle était sa petite fille.

BONATENE

BONAJINJE

BONAMUTI

BONAMULA: Bonamuduru Bonantone

BONATEKI

Enfin, Ebele Epeye et Ebele Kaye Epeye symbolisent une même personne. Chez les Bele-Bele, quand l’enfant revient à ses maternels, on fait abstraction du patronyme de sa génitrice dans la généalogie. La figure de proue de la version I.B.B. se nomme J. Dikonge Etame. C’est ce dernier, originaire de Bonabedi, qui a fourni les informations précitées à R. Gouellain, auteur de l’ouvrage’’Douala, ville et histoire’’.

Il ressort que les diverses approches mériteraient d’être nuancées. Tant celle initiée par I.B.B que celle mentionnée dans le livret des obsèques de la Reine Mère E. H. Njanjo Efua Duka veuve Ekuala Esaka Ekuala.

En effet, il émerge des archives de Ekuala Mukoko Eyum de manière hautement argumentée que le père biologique de

Ebele ancêtre éponyme des Deidolais avait pour patronyme Enjobe Ebele Ebonge Ngange Doo Makongo Njo Mahase Ewale. Donc, était originaire de Madubwale, où résidaient les Bonadume, gardiens des objets somptueux des Duala. Avant de jeter un coup d’œil sur le schéma visé plus bas de la généalogie des Deidolais aussi bien du côté matrilinéaire que du côté patrilinéaire, ne perdons pas de vue les dernières paroles de Eyum Ebele Kaye :’’Moi Eyum Ebele Kaye souverain de Bonebele et de souche Bonaduma, j’ignore les raisons pour lesquelles les autres Duala me mettent à mort ; certes, mon décès occasionnera une malédiction qui s’abattra sur les Duala durant plusieurs générations’’.

Cette approche d’une abondante richesse méconnue, émane d’un congénère de Théodore Christaller, instituteur de l’empire, originaire de Wurtemberg décédé le 13 Août 1896 à Duala. Elle était également partagée par le souverain de Bonendale Dibunje Tukudu Ndumbe qui formulait sans relâche :

C’est sûrement l’exil des Deido à Musoko- Abo (Ndlr.1876-1878), qui a poussé certains historiens à confectionner un scénario conduisant à donner à Enjobe Ebele Ebonge une souche Abo ou par moments Bakosi ou Barombi. Certes, au retour de l’exil de Musoko-Abo, les Deidolais revinrent avec des Abo qui devinrent des membres à part entière de leur communauté. Et certains Deidolais restèrent Musoko-Abo sans jamais plus regagner leur terre originelle… ». Rappelons qu’un quartier dénommé Bonebela a continuellement survécu à Musoko-Abo. Malgré la pertinence du schéma qui précède doublée des arguments de pure transcendance de Dibunje Tukudu Ndumbe alias Kain Tukudu, les Deidolais ne doivent jamais se prévaloir de leur ascendance patrilinéaire au sein de la tribu Duala étant donné qu’aucun mariage coutumier n’a lié Enjobe à Kaye. Et ce mariage coutumier était hors de propos étant donné que Kaye était frappée de pieds-bots. Á la lumière de ce qui précède, aussi longtemps que vivront les descendants d’Ebele, ils ne seront pas rattachés aux Bonanjo ou aux Bonadoo mais aux Bonambela. Notons, tout en sachant que la modération dans les propos est un signe de bonne éducation, qu’originellement les Deidolais n’ont aucune parenté biologique avec les Akwa qui descendent essentiellement de Ngando Kwa Kuo. Les Deidolais ont plutôt des liens de consanguinité avec les Bonambela qui descendent de Ngiye Malobe Ewale. L’aigle, mbela, était le totem à savoir l’oiseau protecteur de Ngiye.

…Les Deidolais ne doivent jamais se prévaloir de leur ascendance patrilinéaire au sein de la tribu Duala étant donné qu’aucun

mariage coutumier n’a

lié Enjobe à Kaye…

Ekale Duala-Kamerun ya difum- la-ñati ba baino na ba sonno o mbu mwa 1915.

Masque Duala-Kamerun du buffle légendaire sculpté et peint en 1915.

Museum der kulturen, Bâle, Suisse.

*I.B.B Idubwan Bele Bele. Cf P.P 74 et 75, Douala ville et histoire, R.G

** C’était le nom rituellement porté par la ville de Douala depuis 1578. C’est une contraction

de MADU M’EWALE, ce qui signifie l’embouchure d’EWALE.

Au demeurant et comme nous le soulignerons très souvent, Ngando Kwa Kuo avait concédé l’hospitalité à son cousin Ebele Kaye Epeye à Bonabwanja- Akwa. Pour mémoire, la mère de Ngando Kwa Kuo se nommait Mionde Mukumlong Kwane, cousine de Kaye Epeye Kwane, mère d’Ebele. C’est ainsi qu’il est faux au regard de l’histoire de formuler que c’était sous le règne de Epeye Ekuala Eyum que les Deidolais s’affranchirent des Akwa. Il est plutôt exact de mentionner que les Deidolais se déconnectèrent administrativement des Bonambela pour transformer leur principauté en clan autonome sous le règne de Epeye Ekuala Eyum. En somme, les Deidolais ont cessé d’être co- signataires des documents civils sous la souveraineté d’Epeye Ekuala Eyum. Selon Epeye Mumi Etia, ‘’les Deïdo seraient arrivés à leur lieu actuel en

1798’’…***.

l’instar de Makube Doo Makongo et de

Ngundo Doo Makongo qui vécurent éternellement aux côtés de leur frère Same Doo Makongo ancêtre

éponyme des Bonasama, l’arrière grand’père patrilinéaire d’Ebele à savoir Ebonge Ngange Doo ainsi que son frère Mulong Ngange Doo n’érigèrent point de foyers autonomes quand ils occupaient l’espace situé entre l’estuaire du Wuri et le plateau Joss. Ils vécurent sous l’égide de leur frère Dume Ngange Doo****

Tant l’actuel Deidolais que celui d’antan, ce qui singularise les originaires de cette communauté est que tous les rapports sociaux sont des rapports de parenté. Il existe une communauté semblable en Amazonie, les Nambi Kwara. En outre, le Deidolais, quand il est en colère, avant de renfrogner le visage, esquisse d’abord un sourire symbolisant le mépris qu’il a de son adversaire. Il en découle qu’il ne dira jamais :’’je vais me battre avec Untel, vous l’entendrez toujours formuler qu’il va battre Untel’’. Le Deidolais privilégie le savoir non sans ignorer que d’importants moyens matériels s’imposent pour l’acquérir. En général, le Deidolais n’est pas rancunier, à la limite, il est même consensuel. Ce qui le conduit en permanence à solder les comptes et non à les régler. Par nature le Deidolais est économe et n’engage aucune dépense le lundi de peur d’être nécessiteux avant la fin de la semaine. Afin de remédier à la vulnérabilité financière d’un des leurs, les Deidolais aiment la contribution commune. Ils baptisent cet élan de solidarité ‘’Deido Match’’. Pour clore, soulignons que le Deidolais adore la compagnie des personnes âgées notoirement pour les aider à bien vieillir et non à bien mourir./-

Molopo-mwa-njimbidi Abo-Duala- Kamerun ba baino na ba sonno oboso bwa 1897.

Buste Abo-Duala-Kamerun sculpté et peint avant 1897.

Museum der kulturen, Bâle, Suisse.

*** Histoire de Bonebele Deido, page 11.

****Á l’écoute d’une approche relativement différente, Epeye Doo Makongo s’éternisa chez son neveu Jangwa Bele Doo dont la mère se nommait Endale Ndume.

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Posté par mboasawa

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