Il a été un grand monsieur du football ayant oeuvré en France mais surtout au Cameroun, sa patrie d’origine, où il a tenté d’implanter le professionnalisme.
Retour sur une carrière étincelante…
Eugène NJo Lea est né le 15 Juillet 1931 à Batuchi, village sur les rives du Wouri.
Il obtient son BEPC en 1951 au Collège Moderne de Nkongsamba.
Il veut poursuivre ses études et grâce à une bourse académique, il part faire ses études en France.
Il quitte alors son petit club de football, Vent Lalanne, dans lequel il sévissait allégrement et il atterrit à Roanne où il devient étudiant en même temps qu’il continue le football dans un club local.
Pour une raison que l’on ignore, il est renvoyé du Lycée qu’il fréquentait en compagnie de deux autres Africains.
Le club de l’AS St Etienne qui l’avait déjà repéré, profite de l’occasion pour l’engager et se porte garant pour lui lorsqu’il s’inscrit dans une nouvelle école à Saint-Etienne.
A ses débuts il est prêté à un club de la banlieue stéphanoise, Roche-La-Molière. Ses débuts y sont époustouflants puisqu’il inscrit onze des douze buts de son équipe lors de son premier match avec ses nouveaux partenaires.
Il peut, à la fin de la saison, intégrer l’effectif professionnel de l’ASSE où il est promis à un brillant avenir au poste d’avant-centre.
Au début de la saison 1955-56, il joue plus souvent avec l’équipe réserve qu’avec les professionnels. La presse locale s’en émeut, elle qui a été subjuguée par la souplesse, la force et la détente du Camerounais. Njo Lea trouve rapidement sa place à la pointe de l’attaque.
La légende est en marche.
Accompagné par ses compère Rachid Mekloufi et Kees Rijvers, ils forment la première triplette d’envergure du club, certains n’hésitant pas à considérer qu’il n’y a jamais eu d’équivalent dans l’histoire de l’AS Saint-Etienne.
C’est tout simplement l’attaque mitraillette ou l’attaque Rock’n’ Roll, comme l’ont surnommé les médias, qui est à la base du premier titre de champion de France des Verts en 1957.
Le duo NJo Lea-Mekloufi inscrit à lui seul 54 des 88 buts de sa formation cette année-là.
Le Camerounais a même réussit l’exploit de marquer au moins un but pendant onze journées consécutives (17 au total) terminant 3e meilleur buteur de la compétition avec 29 réalisations.
L’année suivante, il devient le premier avant-centre de l’histoire européenne du club contre les Glasgow Rangers.
NJo Lea atteint alors son apogée même s’il conduit l’escouade offensive stéphanoise pendant deux ans encore jusqu’en 1959 inscrivant au total 93 buts toutes compétitions confondues.
Conjointement, il a continué ses études qui l’ont mené jusqu’à l’université de Lyon où il apprend le droit.
Pour ne plus avoir à effectuer les fatigants va-et-vient entre le Forez et le Rhône, il demande alors son transfert à l’Olympique Lyonnais.
Il devient alors le premier joueur à endosser les deux maillots différents.
Après son diplôme d’Etudes Supérieures, il termine sa carrière au Racing Paris où il signe en 1961.
Cette même année, il entre en relation avec Just Fontaine et l’avocat Jacques Bertrand et ils créent ensemble le 16 novembre 1961 le premier syndicat de joueur, l’UNFP (L’Union Nationale des Joueurs Professionnels).
Il met un terme à ses activités sportives en 1963 à 32 ans non sans avoir auparavant réalisé son rêve de jouer contre son idole, le roi Pelé, à l’occasion d’un match de Gala.
Avec la création de l’UNFP, sa carrière juridique est lancée et après avoir parfait sa formation aux Etats-Unis, il intègre naturellement le monde politique au Cameroun et travaille pour plusieurs ambassades étrangères où il remplit les fonctions de consul notamment en France et en Espagne.
Il se démène également pour installer le professionnalisme sur le continent africain, d’abord au Sénégal puis dans son propre pays.
Il se heurte à ce moment-là à une forte opposition qui ne cessera jamais de lui mettre des bâtons dans les roues.
Le coup-bas le plus mesquin a consisté à ne jamais sélectionner son fils, William joueur méritant qui a également suivi ses traces, dans l’équipe nationale du Cameroun.
Peu à peu, il est oublié de tous et il s’éteint à la suite d’une longue maladie le 23 octobre 2006 à l’âge de 75 ans dans une indifférence totale.
Heureusement, la minute de silence organisée au stade Geoffroy Guichard lors du match de Coupe de la Ligue le 25 octobre 2006 contre Marseille, a démontré, à juste titre, qu’il était resté dans les mémoires stéphanoises et méritait de figurer au panthéon des meilleurs attaquants ayant un jour porté le maillot vert.