4 – SUCCESSION des ROIS et CHEFS SUPERIEURS AKWA (Par Prince Ngando EBONGUE AKWA)
II. La période coloniale (1884-1960)
2.1 Le protectorat allemand (1884-1916)

Deux années avant la signature du traité du 12 juillet 1884, le charismatique DIKA MPONDO suite à une démographie galopante, avait effectué d’importantes réformes au sein de la famille royale et de la vaste communauté de Bonambela qui s’étendait sur une bonne partie de la côte. Il faut dire que l’ancienne ville de « Cameroun », l’actuel Douala, comprenait les régions du Mungo, du Nkam et de la Sanaga au sein desquelles le King Akwa, le King Bell et leurs ascendants avaient une hégémonie précoloniale.
Tim Akwa avait alors éclaté l’ancienne famille royale « Bonangando » en trois villages autonomes à savoir Bonalembe, Bonédjang et Bonélèkè. Ce dernier devenant le village du King, il détacha son foyer « Bonadika », c’est-à-dire ses enfants et leurs descendants de celui de son père « Bonampondo » qu’il laissa sous la tutelle de son frère le Prince MANGA MPONDO AKWA.
Bonadika devint ainsi par la volonté de son géniteur, le foyer détenant traditionnellement les droits politiques et patrimoniaux de son village natal Bonélèkè et de l’ensemble de la communauté Bonambela(10) dont il incarne le fondement. Il instituait aussi un ensemble de règles permettant le fonctionnement harmonieux des foyers de la nouvelle famille régnante. Ses nombreuses épouses, déjà une quarantaine à cette période, et sa croissante progéniture symbolisaient sa réussite politico-économique et sa puissance.
En signant ce traité, le King DIKA MPONDO et ses pairs se retrouvaient dans des conditions idéales après avoir dominé la traite des esclaves pour profiter de l’essor du commerce légal sans dommage pour leur société.
Ils disposaient de relations d’affaires étendues dans l’arrière-pays ou l’on produisait des biens d’exportation, ainsi que d’une abondante réserve de main d’œuvre d’esclaves acquise pendant la période de la traite.
Mais très vite, le King Akwa DIKA MPONDO et son homologue Bell, le vieux NDUMBE LOBE se rendirent compte qu’ils s’étaient fait berner. Ils avaient posé comme condition de leur accord non seulement que le colonisateur ne touchât pas à l’ordre politique local, mais que les fondements économiques de cet ordre fussent maintenus. Or les Allemands avaient juste besoin d’un document officiel pour prétendre juridiquement aux possessions coloniales face aux autres puissances européennes dans la compétition sur le partage de l’Afrique et de ses bandes côtières à la conférence de Berlin. Ainsi, sous prétexte d’une souveraineté acquise, ils transgressèrent les réserves du traité et dédaignèrent les pouvoirs coutumiers.
En réalité, le conflit germano-duala était inévitable dans la mesure où il existait une différence fondamentale entre la manière dont les Allemands et les Duala percevaient le protectorat allemand et les droits qu’il donnait aux administrateurs coloniaux sur leur sol. De part l’ancienneté de leurs contacts avec les Européens, les Duala estimaient avoir un état et des rois comme les Allemands, même si ces termes et leurs implications s’interprétaient différemment. Ils voulaient donc conjointement affirmer leur « germanisme » et leur droit à beaucoup plus d’autonomie. Mais par contre, le système colonial supposait que les populations colonisées devaient se soumettre ou périr. Leurs existences même n’avaient d’importance que dans la mesure où elles étaient au service des objectifs économiques du colonisateur.
Après la suppression en 1887 du statut de « King » et de ses avantages au profit de celui de « Chef Supérieur » auxiliaire de l’administration, l’usage du fouet et la de la destitution furent alors utilisée comme armes décisives par lesquelles le gouvernement colonial allait briser toutes velléités d’indépendance des chefs. L’idée qui sous-tendait ces décisions était de montrer l’étendue du pouvoir des colonisateurs et de prévenir par ce fait même toutes autres tentatives de rébellion.
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