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3 – SUCCESSION des ROIS et CHEFS SUPERIEURS AKWA (Par Prince Ngando EBONGUE AKWA)

1.2     Prince DIKONGUE la NGANDO –  King Akwa II (1847 – 1852)

Le document désignait DIKONGE la NGANDO alias « Big Jim Akwa », comme successeur. Il était le fils ainé de sa première épouse, la princesse NGEMOU NJOH, surnommée « LEMBE » (qui veut dire résistance), originaire de la chefferie de Yabakalaki-Bakoko.

Ce dernier étant parti en expédition commerciale, Alfred SAKER préféra attendre son retour. Durant l’absence du prince DIKONGE AKWA, certains de ses frères assiégèrent le missionnaire pour rentrer en possession dudit document. Alfred SAKER ne céda point mais ne dut son salut qu’à l’intervention d’un navire de guerre britannique grâce auquel l’ordre fut rétabli.

De retour de l’hinterland, le prince DIKONGE AKWA fut intronisé en janvier 1847. Il fut ensuite élevé à la dignité de King Akwa II par le lieutenant de la Royal Navy, commandant du vapeur « Rapid » en mission à la rivière Cameroun, au nom de sa majesté la Reine VICTORIA.

Mais en août 1851 lors d’une visite officielle du premier consul britannique John BEECROFT à la rivière Cameroun, les chefs et notables les plus influents de Bonaku s’adressèrent au consul, lui demandant la destitution de leur King DIKONGE AKWA. Le consul se tint sur sa réserve mais exigea cependant un rapport écrit des plaignants. Ce ne fut qu’en mars de l’année suivante, lors du séjour officiel du consul BEECROFT qu’il reçut de ces derniers, une plainte détaillée et signée par 27 personnalités. Ceux-ci motivèrent leurs démarches contre le King Akwa par sa conduite irresponsable en affaire ainsi que par son incapacité à apaiser aussi bien les différends parmi ses parents comme entre les Bonaku et les gens de l’hinterland. Se souciant de l’avenir de leur ville, ils proposèrent au consul de le remplacer par son frère, le prince MPONDO ma NGANDO alias « Jim Akwa », fils ainé de la seconde épouse du roi, la princesse MUSONGO EDJANGE surnommée  « ELEKE » (qui veut dire provocation), originaire de Bonasama-Doo.

Durant ce séjour, le consul convoqua tous les chefs, notables et subrécargues anglais à Bonaku dans une assemblée au cours de laquelle la désignation de MPONDO AKWA fut un plébiscite. Dans son rapport à sa hiérarchie au « Foreign Office », le consul ne manqua pas de mettre en relief qu’il avait strictement suivi leurs instructions et participé à l’élection sans contrarier les objectifs politiques des notables Akwa.

Signataire des accords Anglo-Duala du 17 décembre 1850 sur la réglementation maritime, Big Jim Akwa vit alors son règne s’interrompre en 1852.

(Période consulaire 1849 – 1884)

1.3         Prince MPONDO ma NGANDO – King Akwa III (1852 – 1878)

Le prince Jim MPONDO AKWA est alors solennellement reconnu troisième Roi de la dynastie le 8 mars 1852 par le premier consul impérial John BEECROFT pour les baies de Biafra et de Bénin. Ce dernier lui remit ensuite son certificat de nomination au nom de sa Majesté la Reine VICTORIA.

Il faut dire que dès 1849, la nomination du métis antillais John BEECROFT comme premier Consul Britannique agent de sa Majesté pour les baies de Bénin et de Biafra avec résidence à Fernando-Pô se justifiait par l’accroissement de la coopération britannique dans les affaires intérieures.

Le système consulaire, outre son opposition à toute influence directe sur la société, répondait au souci de confier à la Royal Navy la protection du commerce sur la côte et surtout de veiller à la suppression de la traite des esclaves. Le consul établissait des contacts personnalisés avec les chefs, payait les indemnités inhérentes aux traités et autres accords conclus et s’occupait de la promotion et de la réglementation du commerce légal. Même si son pouvoir était relativement restreint, les Duala le sollicitaient de plus en plus pour son arbitrage dans leurs conflits intérieurs. Mais cependant, la décision du consul n’était observée que si elle ne contrariait pas leurs desseins politiques.

Par exemple, à la mort du vieux King Bell LOBE BEBE au début de 1858, son fils désigné, le prince NDUMBE LOBE alias « Honesty ou encore Bonny Bell » lui succéda. Mais ce dernier encourut immédiatement la disgrâce des commerçants européens en augmentant le Koumi (droit de commercer) et en tolérant le pillage par ses sujets, d’un magasin loué par un Anglais. Conséquence, le consul Thomas HUTCHINSON remit à plus tard son acte de reconnaissance officielle. De surcroit, quand il apprit que NDUMBE LOBE avait quitté le deuil de son père en sacrifiant deux captifs, un conflit ouvert éclata entre Honesty NDUMBE LOBE et le consul.

L’investiture de NDUMBE LOBE étant suspendue, tous les traités durant cette intervalle furent conjointement signés côté Bell par le trio composé de ses grands oncles MBAPPE BELE alias « Priso Bell », chef de Bonaberi, BULU BELE alias « Joss » et lui-même.

Pour le King MPONDO AKWA qui respectait les clauses proscrivant les sacrifices humains contenus dans le traité qu’il avait signé le 19 mai 1858, ce fut le signal pour passer à l’attaque. En se vantant d’être à ce moment l’unique roi Duala reconnu par la Reine d’Angleterre, il demanda la punition exemplaire de son jeune rival alors que le consul préféra la négociation d’un nouveau traité. Révoltés, le King Akwa et son cousin le chef Deïdo EYUM EBELE alias « Charley Dido » refusèrent de signer le nouveau traité et menacèrent de faire la guerre à NDUMBE LOBE. King Akwa alla même jusqu’à provoquer le consul en combat singulier, mais ce dernier renonça au dernier moment sur les conseils d’un agent consulaire.

Toutefois, le consul qui avait les moyens de les contraindre fit bombarder leurs villages respectifs par un vaisseau de guerre espagnol qu’il avait appelé à sa rescousse, obligeant ainsi les deux chefs à signer le nouveau traité. Mais n’étant pas disposé à accepter cette humiliante défaite et afin de prouver sa puissance et son indépendance, le King Akwa fit aussi tuer des captifs et se rendit coupable d’un certain nombre d’irrégularité dans ses affaires avec les commerçants européens. Ceux-ci en informèrent le consul qui procéda tout de suite à sa destitution et à la nomination de son frère le Prince ENDENE NGANDO alias « Dido Akwa ». Mais malheureusement, la décision du consul resta lettre morte car les notables de Bonaku s’opposèrent fermement à ce revirement politique.

De la même manière quand M. LAUGHLAND, l’agent consulaire qui assurait l’intérim après le décès en milieu d’année 1860 du Consul HUTCHINSON, tenta de sa propre autorité de remplacer le King MPONDO AKWA, il échoua lui aussi. Il justifia son intervention par la politique antibritannique du King Akwa alors que ce dernier ne se montrait hostile aux Anglais que quand il se sentait moins bien traité que son homologue Bell.

En dépit du fait que les « Bonapriso » et les « Bonaberi » aient été écartés du commandement des « Bonadoo », le nouveau consul Richard BURTON gratifiait tout de même « Priso Bell » du titre de « King Bell » aux côtés de King Akwa le 13 décembre 1861 lors de la signature du traité supprimant la pratique du meurtre par représailles. Mais dès 1862, ces rivalités entre cousins qui devenaient de plus en plus incontrôlables obligèrent le consul, sous la pression continue des notables, à reconnaitre officiellement l’héritier du trône Honesty NDUMBE LOBE.

Durant la dernière décennie de sa vie, le King Jim MPONDO AKWA, épris de paix et de justice, redoutait de plus en plus les discussions passionnées. Raison pour laquelle il préférait se faire représenter au Ngondo par ses frères ENDENE NGANDO ou EDJENGELE NGANDO alias « Black Akwa ». Mais lors de sa dernière apparition à l’auguste assemblée, il tint ces propos mémorables :

 « Une goutte d’huile pénètrera un jour dans votre œil, et vous n’arriverez pas à vous en débarrasser ».

C’est sur ces paroles prophétiques qui annonçaient déjà les évènements de 1884 que le vieux King se mit en retrait et rendit l’âme en août 1878.

1.4     Prince DIKA MPONDO – King Akwa IV (1878 – 1907)

Son troisième fils DIKA MPONDO Timothy, appelé « Dika Akwa » ou encore « Tim Akwa », né de son union avec la Princesse SIKE DIKA DIBONGE de Bonadibong lui succéda.

Il est ici important de préciser que DIKA MPONDO ne faisait pas partie du premier foyer « Bonélombo » de la Cour de son père. L’aîné de ce foyer était le Prince KWA MPONDO qui malheureusement mourut avant son père et le second fils, le Prince ELAME MPONDO dût retourner à Bonapriso (Joss-Town) dans sa famille maternelle « Bonabélone » parce que l’union entre son père et sa mère n’avait pas été conforme à la coutume. C’est d’ailleurs le fils de ce dernier, DOO ELAME JOSS, neveu de DIKA MPONDO qui prendra le commandement des Bonapriso quelques temps après.

Dans le premier foyer, il ne restait plus que des enfants mineurs qui, de part le statut de leurs mères, ne pouvaient pas traditionnellement prétendre à la succession de leur père. C’est pourquoi la couronne de Bonambela revint à DIKA MPONDO du deuxième foyer qui, du vivant de son père déjà, le représentait à certaines occasions.

DIKA MPONDO fut donc intronisé en novembre 1878, mais dans sa quête d’autorité et d’influence, il se heurta au diktat des deux frères de son père, les vieux princes ENDENE NGANDO et KINGE NGANDO alias « Joe Garner Akwa » qui ne tenaient pas à lui concéder davantage de pouvoir.

Finalement, ce conflit de génération fut réglé au bout de trois années de persévérance du jeune DIKA AKWA qui, avec le soutien du consul Edward HYDE HEWETT, put retenir lui-même aux européens le « Koumi » (la taxe permettant de commercer) pour la première fois et se donner enfin du relief comme nouveau roi.

Le 27 novembre 1882, DIKA AKWA fut solennellement reconnu « King Akwa IV » par le Consul Impérial Edward HYDE HEWETT pour les baies de Biafra et de Bénin qui lui remit son certificat de nomination au nom de Sa Majesté la Reine VICTORIA du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande, Impératrice des Indes.

En définitive, les règnes fastes et prestigieux du fondateur de la dynastie NGAND’a KWA, de ses fils DIKONGE la NGANDO et MPONDO ma NGANDO et une partie du règne de son petit-fils DIKA MPONDO témoignent de cette période pré coloniale ou les Européens et notamment les Britanniques ne purent entamer la puissance des rois Douala malgré les multiples tentatives de manipulation.

Cependant cette période, qui à partir des années 1870 voyait déjà la concurrence commerciale s’écarter progressivement des règles traditionnelles et les différences entre classes sociales se réduire substantiellement, se termina par la conclusion sur le rivage du King Akwa, du traité qui livra le Cameroun à la colonisation allemande le 12 juillet 1884. C’est donc avec un King Akwa tout-puissant que s’ouvrait officiellement pour notre Pays, la page coloniale de son l’histoire.

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Posté par mboasawa

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2 – Naissance de la dynastie Akwa

4 – Le protectorat allemand (1884-1916)