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6 – Retour au trône du King Akwa (1915) – Fin  du protectorat  allemand (1916)

SUCCESSION des ROIS et CHEFS SUPERIEURS AKWA (Par Prince Ngando EBONGUE AKWA)

2.3     Retour au trône du King Akwa (1915) – Fin  du protectorat  allemand (1916)

Les villes de Douala et de Bonabéri furent libérées par les alliés franco-britanniques le 27 septembre 1914 avec la participation active des Duala(12). L’une des toutes premières mesures qui attira aux anglais, premiers administrateurs de la ville, la sympathie des populations encore sous le choc des exécutions sommaires du chef Rudolf DUALA MANGA BELL, d’Adolf NGOSSO DIN et de plusieurs centaines de résistants le mois précédent, fut la libération de tous les prisonniers politiques. Les Anglais délivrèrent le prince Richard DIN MANGA BELL enfermé comme otage avec son défunt frère Rudolf, et au trône des Bell, ils procédèrent au remplacement du défunt par un autre frère, le prince Henri LOBE MANGA BELL.

On assista en janvier 1915 au retour triomphal du King Akwa DIKA MPONDO de Campo que le chef des forces alliées, le général DOBELL rétablissait sur son trône à Akwa malgré l’interdiction de séjour qui pesait encore administrativement sur lui.

Le 08 janvier 1916, les allemands évacuaient Yaoundé dans la précipitation et s’engouffraient dans le territoire neutre de la Guinée Espagnole, pourchassés par le corps expéditionnaire du Général Anglais DOBELL et les colonnes de l’AEF. Le 20 février, la guerre était terminée au Cameroun.

En mars 1916, la ville de Douala fut placée sous administration française après le partage du territoire(13) entre les deux principaux alliés. Ce ne fut pas avec grand enthousiasme que les populations accueillirent les français, car leur principale préoccupation était la disposition de leur territoire tenu par les Allemands.

Le 15 avril 1916, l’administration française recevait par le biais du commissariat de la république, une lettre du King Akwa DIKA MPONDO dans laquelle il rappelait sa position prépondérante lors de la signature du traité du 12 juillet 1884 avec les allemands et prétendait de ce fait être le premier chef de Douala et par conséquent du Cameroun. Il était donc prêt à signer avec la nation à qui on attribuera le Cameroun, un contrat similaire à celui de 1884. Il est tout aussi vrai qu’après avoir épluché les rapports allemands sur le King Akwa, l’administration française n’avait plus qu’un un seul vœu : le renvoyer au trou.

C’est ainsi que dans la nuit du 27 au 28 avril 1916, il y eut un incident à proximité de la résidence du King Akwa. En effet, un policier français en patrouille avec quelques tirailleurs avait rencontré sa maîtresse, une veuve nommée Hanna DIPOKO, en compagnie de son rival autochtone. Le policier ordonna aux tirailleurs de corriger ce dernier qui au cours de la bagarre, avait crié, ameutant les voisins. Assaillis par la foule, les tirailleurs avaient été ligotés puis frappés sous le regard complice d’un des fils du roi, le prince DIN DIKA. Lorsque les renforts arrivèrent à la hauteur de la résidence royale, des coups de feu éclatèrent auxquels les tirailleurs armés mais sans munitions, n’avaient pu riposter.

Le 2 mai 1916, le tribunal de circonscription de Douala condamna le prince DIN DIKA à trois ans d’emprisonnement. Le chef de la circonscription de Douala demanda des sanctions contre le King Akwa, soupçonné de subversion, pour résistance par la force à un acte de l’autorité, alors qu’il n’était au courant de rien. Par décision du général commissaire du gouvernement Joseph AYMERICH en date du 10 mai 1916, le King Timothy DIKA MPONDO fut renvoyé à Campo en résidence surveillée avec un traitement correspondant à son rang.

Il partit le 12 mai à bord du bateau vapeur « le Haoussa » et rendit l’âme le 6 décembre 1916 à 80 ans de suite d’une affection rénale. Son corps fut ce même jour inhumé selon la coutume par les chefs Batanga. Après quelques réunions d’urgence dans la Cour du Chef Adolf DIBUSI DIKA à Akwa, une délégation s’embarquait sur le bateau vapeur « le Foullah » aux fins d’exhumer le King et de ramener sa dépouille à Douala. Elle était composée de deux frères du défunt, les princes NGANDO MPONDO AKWA et MPONGE MPONDO AKWA, d’un notable de Bonélèkè, le nommé EYUM JOHNSON et d’un notable de Bonébong en la personne de Steirnberg KONE BWINDI. Le jour du départ, les Princes KINGE DIKA et DIKA DIKA, deux fils du défunt remirent un paquet à EYUM JOHNSON et lui donnèrent des instructions précises quant à son utilisation.

Après le rituel d’exhumation et les honneurs militaires rendus par le détachement Anglais basé à Campo, la dépouille du roi fut mise dans un cercueil que l’on plaça ensuite dans une chambre spéciale du « Foullah ». Arrivée à Douala dans la nuit du 27 décembre 1916, l’autorité administrative au vu de l’heure tardive ordonna que l’enlèvement du cercueil ne se fasse que le lendemain matin.

Dès 6 heures ce 28 décembre, toute les populations de Bonambela, voir de Douala descendirent au quai pour former le cortège qui devait accompagner le King DIKA AKWA dans sa dernière demeure. Le premier cercueil ayant été mis dans un cercueil beaucoup plus imposant travaillé par EKULE EPO de Bonélèkè, le cortège quitta le port pour rejoindre l’Eglise de Bethel. Après la prédication du Pasteur Alfred TONGO DIBOUNDOU, le cortège funèbre reprit sa marche à travers la ville, ponctuée d’arrêt dans les tombeaux ancestraux et divers lieux mythiques pour finalement l’achever au lieu désigné (actuel Douala-bar) par le roi lui-même de son vivant pour l’inhumation.

2.4     Prince DIN DIKA AKWA (1919 – 1921) – régence de DIBUSI DIKA

Le 3 décembre 1916, soit trois jours avant son décès, le King DIKA AKWA faisait rédiger son testament dans lequel il désignait DIN DIKA AKWA pour lui succéder si et seulement si l’héritier présomptif, son fils aîné Ludwig Paul Heinrich MPONDO AKWA à qui il transférait les pleins pouvoirs et dont il n’avait plus de nouvelles depuis un moment, ne serait plus en vie.

La délégation envoyée en début d’année 1917 à la recherche de Ludwig MPONDO AKWA à Banyo, puis à N’gaoundéré ayant certifié qu’il était vivant mais avait, selon une source allemande probablement été transféré. Face à cette incertitude, il fut alors convenu de le proclamer roi de Bonambela afin que tout ayant droit de la Cour assurant le commandement de Bonambela durant son absence le fasse en qualité de régent. Seule la confirmation de sa mort entrainerait la restauration du trône de Bonambela.

Le King DIKA MPONDO décédé, l’administration coloniale française reconduisait son fils Adolf DIBUSI DIKA qui avait assuré l’intérim aussitôt après le bannissement de son père à Campo le 12 mai 1916. Et c’est le même DIBUSI qui avait de 1907 à 1914, assuré la régence suite à la destitution de son père par l’administration coloniale Allemande. Mais après deux années de règne, le Chef Supérieur DIBUSI DIKA, qui soutenait discrètement les associations d’obédience germanique qui militaient pour le retour de l’Allemagne au Cameroun fut destitué pour sa politique pro-Allemande. Il faut dire qu’entre-temps, la capitulation de l’Allemagne le 11 novembre 1918 fut accueillie avec joie par les chefs Duala qui considéraient que le moment était venu pour eux d’être indépendants. Ils étaient tous d’avis que le traité de 1884 était devenu caduque puisque le partenaire au contrat, en l’occurrence les Allemands, avait disparu.

DIBUSI DIKA fut remplacé en 1919 par son jeune frère, le prince DIN DIKA AKWA qui avait bénéficié d’une libération conditionnelle le 20 octobre 1918 par le tribunal de circonscription de Douala.

Songeant surtout politiquement aux Anglais qui s’étaient montrés bienveillants à leur arrivée en libérant plusieurs chefs et notables Douala, Sa Majesté DIN DIKA AKWA prit dès août 1919 une part active dans le processus de revendication de l’autonomie du Cameroun dans laquelle les pétitionnaires réclamaient entre autres, le droit de choisir eux-mêmes le Pays qui exercerait leur tutelle en qualité de mandataire au nom de la Société des Nations (SDN). Il est finalement destitué et condamné le 3 mai 1921 à 18 mois d’emprisonnement et à 10 ans d’interdiction de séjour à Douala pour son activisme anti-français.

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