Nathan J. a été mordu par une vipère. Il se cachait pour fuir les membres de sa tontine.
Cette histoire, aussi comique que rocambolesque, alimente encore les causeries à Marouaré, l’un des quartiers huppés de la ville de Garoua. Le vendredi, 4 janvier dernier vers les premières heures de la matinée, Nathan J., domicilié au quartier Nassarao, quartier voisin est retrouvé presque agonisant dans un petit bosquet, situé non loin de sa résidence. Transporté d’urgence par les siens à l’Hôpital provincial de Garoua, il a été interné et soumis à des soins intensifs.
Selon les explications de Juliette, sa première fille, l’histoire remonte à deux semaines environ. Elle observait, depuis un certain temps, une attitude inhabituelle et suspecte de son père. Ce dernier avait pris l’habitude de se réfugier subrepticement dans un petit bosquet derrière la concession familiale, chaque fois que les membres de l’association communautaire dont il est le trésorier, se rendaient chez lui. Nathan J. avait en effet en charge la garde des fonds de la tontine des ressortissants de son village. Comme il est de coutume à l’approche des fêtes de fin d’année, ces associations procèdent aux remboursements des épargnes aux membres. Nathan, inconditionnel des jeux de hasard, particulièrement celui communément appelé « tapé-tapé », a voulu tirer profit de la somme d’argent en misant sur tout le contenu de la caisse de la tontine. Pas de chance, il perd tout. C’est pratiquement au petit matin qu’il regagne malgré lui, son domicile, complètement hébété.
L’idée lui vient alors de simuler un malaise subit, tout en prenant soin d’instruire à ses enfants de le prévenir dès la moindre présence de ses frères du village. C’est ainsi que l’homme fait toujours appel à sa cachette habituelle, chaque fois que les membres de sa tontine sont annoncés. Las d’écouter les mêmes réponses : « papa est sorti », « papa est malade »… les membres de l’association décident alors d’observer un sit-in chez leur trésorier. L’attente est longue, ce jour-là. Ayant par malheur occupé, une nuit durant, le refuge d’une vipère, l’infortuné trésorier sera victime de plusieurs morsures du reptile, qui, à son retour, a retrouvé un intrus dans son logis. Dans l’impossibilité de demander du secours, ce n’est que tôt le matin qu’il sera découvert par un passant, à bout de souffle. Aux dernières nouvelles, l’homme serait hors de danger.
DIKWE FODAMBELE