Douala-Yaoundé :
Les voyageurs se plaignent du retard dû aux contrôles incessants des gendarmes et militaires.
Patricia Ngo Ngouem (Stagiaire)
Vendredi 14 mars 2008. Il est 13h05. Un bus de Centrale voyages en provenance de Douala vient de décharger les passagers. Sur les visages de ceux-ci se lit la fatigue due au voyage "éprouvant" qu’ils viennent de faire. "Quatre heures de route de Douala à Yaoundé ! Ça, il faut le faire !", lance à la ronde un des passagers, son sac de voyage accroché à l’épaule. "Nous sommes partis à 9h et regardez à quelle heure nous arrivons !", s’écrie un autre. Ici, la fatigue le dispute au mécontentement. "Nous avons dû subir quatre contrôles avant d’arriver à Yaoundé. Dès qu’on arrive à tel endroit, il fallait sortir du bus pour un contrôle et ainsi de suite !" soutient Francis Laplage, outré. D’après cet homme, animateur dans une radio privée à Douala, des gendarmes et des militaires, postés sur la route Douala-Yaoundé, arrêtent "systématiquement" les voitures allant dans un sens comme dans l’autre, demandant aux passagers de descendre.
"Ils font descendre tout le monde du bus en demandant à chacun de tenir sa carte d’identité en main. Ils nous tâtent, ils nous fouillent !", raconte-t-il. En outre, "ils ont une liste sur laquelle sont marqués des noms. Lorsqu’ils prennent ta carte, ils regardent la liste pour voir s’il y a ton nom. Ils te laissent partir si ton nom n’y figure pas ", ajoute-t-il. Même si Georges T, qui faisait partie des passagers de ce bus dit n’avoir vu aucune liste, une liste que les gendarmes cacheraient d’après Francis Laplage, il ne contredit pas ces affirmations. "Des gendarmes et des hommes habillés en noir nous font sortir du bus, personne par personne. Et ce n’est que lorsqu’on est contrôlé négatif qu’on peut passer le barrage ; c’est-à-dire lorsqu’on ne leur a rien trouvé de suspect", déclare ce jeune homme, étudiant à l’université de Douala. Une situation que ces passagers disent ne pas comprendre, ce d’autant plus "qu’ils [gendarmes et militaires] ne nous disent pas ce qui se passe", se sont plaint plusieurs passagers.
Mais Georges T croit y voir un rapport entre les événements de février dernier. "Je crois que c’est à cause de la grève", avance-t-il en guise d’explication. A-t-il raison quand on sait que les autorités officielles ont déclaré que les personnes à l’origine des casses à Yaoundé sont venues de Douala ? La crainte de voir se répéter les émeutes du mois dernier serait-il à l’origine de l’intensification des contrôles ?
Si les uns et les autres spéculent sur la raison de cette mesure, il n’est point à douter que cela va sans certains désagréments. En effet, en plus de passer plus de temps en route, les passagers parlent de tensions que cela crée, la présence des militaires étant généralement mal perçue par les populations. Au point où l’un d’entre eux à recommander à un de ces amis de ne point s’engager sur la route en ce moment.