Une table ronde organisée jeudi à Yaoundé a suggéré au Dg des douanes des méthodes pour y améliorer la gouvernance.
Qui de Minette Libom Li Likeng, directeur général des douanes ou Essimi Menye, ministre des Finances, est le patron qui doit " imprimer le style " qui fera des douanes camerounaises une administration aux performances éthiques élevées ? Qui des deux montrera le mieux aux douaniers que la porte de son bureau est fermée aux porteurs de valises pleins de billets de banque qui font " avancer les dossiers " ? La discussion qui s’est ouverte hier après-midi à Yaoundé où se tenait une table ronde sur le thème : la douane camerounaise face aux défis de la gouvernance va encore certainement animer les conversations des douaniers, des hommes d’affaires et autres personnes invitées à cette réflexion.
La rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la journée internationale de la douane rassemblait certes bien moins de monde que l’espérait le patron de la douane, mais les arguments alignés devant une centaine de personnes par Babissakana, l’un des animateurs de la table ronde, étaient suffisants pour faire bouger les méninges dans la salle. " La douane est influencée par son environnement ", a notamment dit l’ingénieur financier Babissakana. Manière de dire poliment à Minette Libom Li Likeng qu’il y a encore " un déficit d’intégrité " dans les rangs des douaniers.
L’orateur dit en effet qu’ " Il y a une bonne quantité de brebis galeuses " dans la douane. Babissakana contredit ainsi le directeur général des Douanes qui en ouvrant les débats jugeait, par contre, que seuls "certains douaniers " jettent le discrédit sur une administration qui, reconnaît-elle, n’a pas bonne presse dans l’opinion. Aussi a-t-elle appelé les invités à l’aider à faire des douanes camerounaises " une administration d’élite ", respectée pour sa probité et efficace dans sa mission de collecte des recettes de l’Etat.
Me Charles Nguini qui, lui, parlait au nom de la branche camerounaise de l’Ong Transparency international qu’il préside, lui a alors recommandé d’adhérer à la méthode préconisée par cette organisation pour faire reculer les pratiques de corruption. D’après Me Nguini, il vaut mieux y aller pas à pas. Evaluer la situation, réformer et constituer des îlots d’intégrité qui démontrent aux autres organisations dans la société camerounaise qu’il est possible de gérer sans corruption. Thomas Cantens, un cadre de la coopération française affecté aux douanes camerounaises, ne conseille pas une recette fort différente.
Il faut mobiliser les arguments qui démontrent que gouvernance – entendez bonne gouvernance – et mobilisation efficace des recettes ne s’excluent pas. La pédagogie ou la méthode par l’exemple du chef qui montre la voie à suivre, c’est peut-être au port de Douala où travaille souvent M. Ndjebayi, un opérateur économique heureux de se trouver là, se fera une opinion : les douaniers peuvent-ils faire mentir les conversations des mauvaises langues ou les classements des administrations les plus corrompues qui aiment tant à les montrer de l’index ?
J.B. Ketchateng