NGONDO 2024: JAJONGWANELE
Le siège connu du Ngondo à ces jours derniers, c’est le Mukanda Prince Dika Akwa nya Bonambéla. Qui vient d’être détrôné par le Mukanda m’a Ngondo autrement appelé Palais de la Culture Sawa, où cette institution s’installe dans ses nouveaux pénates.
Pouvons nous légitimement manifester notre étonnement, dans la mesure où le Ngondo, institution trois fois centenaire, n’avait jamais eu auparavant un siège en bonne et due forme ? Cette anomalie fut corrigée par un bégayement de l’histoire depuis 2003, date où le Mukanda-Château, ce joyau architectural empli de symboles, a abrité son Secrétariat permanent en même temps qu’il est devenu un haut lieu des expositions d’art, de rassemblements culturels en tout genre, et de cérémonies traditionnelles exceptionnelles.

Ces usufruits variés, qui vont dans le sens de la vision multiforme du concepteur et maitre du céans de cet édifice emblématique, n’ont pas fait oublier que ce palais est en définitive une propriété privée, et donc qu’à tout moment, ses ayants-droits pourraient en dénoncer le statut précaire de ses occupants. Outre cela, victime de son succès, le Ngondo a commencé à se sentir à l’étroit dans cet espace, à dire vrai, très limité. A titre de rappel, le Mukanda du Prince Dika, en plein centre• ville, a été érigé sur un périmètre exigu, pour une bâtisse de cette masse, clôture et grilles comprises : matérialisation des travaux de recherche en égyptologie et nyambéïsme chers au prince• chercheur-concepteur-bâtisseur, cet édifice sur trois niveaux se décline en
«portes» d’entrée et de sortie vis-à-vis des autres peuples locaux et d’ailleurs : la porte dédiée à l’Ouest ( Jombè la Mbenguè) est représentée par une case bamiléké en plus d’être ornée d’un serpent à deux têtes, emblématique des Bamouns; celle du Sud (Jombè la Jédu) est caractéristique d’une case propre aux Bétis, tout comme celle de l’Est (Jombè la Mikondo) renvoie aux Makas.
Le grand portail (Jombè lEtipo ou porte du Zénith) ouvre naturellement sur la façade principale, où la barque d’Osiris trône au-dessus du toit de la case Duala, flanquée de part et d’autre de miniatures de pagode chinoise et de château-fort du Moyen-Âge, donjon et meurtrières faisant foi. Le perron se voit, lui, harmonieusement coiffé d’une loggia. Çà et là, représentations traditionnelles et allégories ésotériques se déclinent, aussi bien sur tous les murs qu’en haut de différentes toitures, elles-mêmes évoquant une pluralité de cultures. Oui, ce mukanda-là est aussi fascinant qu’attirant. Ce qui en a fait une vraie attraction touristique, en rivalité avec la Pagode de Bonanjo, propriété du Roi Auguste Manga Ndumbè. Mais, tout bien pesé, ce tableau, aussi aristocratique soit-il, limitait les ambitions du Ngondo, en termes d’espaces, à l’entrée du 2]me siècle.
Raison pour laquelle, de réflexions en actions de lobbying, l’idée d’émancipation par un véritable siège plus fonctionnel a germé dans le cerveau des autorités traditionnelles et des élites. Pour couper court, le Président de la République, monsieur Paul Biya, sensible à cette riche idée, a accordé la dévolution du terrain désigné avec diligence par décret à la construction du Palais de la Culture Sawa, ce nouveau Mukanda bénéficiant en conséquence de quoi, du partenariat entre la Communauté Urbaine et du Ngondo, pour voir le jour. Rappelons en passant, que le choix de ce terrain n’est pas le fruit du hasard. Car en effet, il s’agit de l’endroit où naguère se réunissait le Ngondo -même le bord sablonneux de la Bessèkè, en tant qu’instance administrative et tribunal pénal de tous les litiges, du plus banal des transactions mercantiles au suprême, la condamnation à mort…
Parlant d’architecture, le Mukanda m’a Ngondo, qui se décline exclusivement en couleurs jaune d’oeuf et blanc immaculé, a contrario, est un immense paquebot très complexe, de quatre niveaux, érigée sur près de 1500 m2 de base. Sa compartimentation en trois blocs offre un large éventail de fonctionnalités et d’utilisations. De l’extérieur, le style se veut volontiers sobre, mais moderne, suggéré malgré tout par les colonnades en forme de pagaies, qu’on retrouve également sur le mur d’enceinte. A l’esplanade de l’entrée principale, un petit pont en bois précieux enjambe un bassin bordé de rambardes, en plus de deux petites fontaines, équipés de jets d’eau et jeux de lumière, accessoires pour féerie nocturne.
Son inauguration a eu lieu le 14 Décembre 2024. Cérémonie haut en couleur, placée sous l’égide du Président de la République, Son Excellence Monsieur Paul Biya, représenté en la circonstance par monsieur le Ministre des Sports, le Professeur Narcisse Mouellè Kombi. Lequel fut accompagné dans cet exercice protocolaire par monsieur Louis Paul Motaze, Ministre des Finances. A leurs côtés, monsieur lvaha Diboua, le Gouverneur du Littoral, en présence des corps constitués et, il va de soi, des Chefs traditionnels sawa en tant que bénéficiaires directs de cette infrastructure associative et culturelle. C’est donc cette date du 14 Décembre qui marque l’amorce des adieux au Mukanda du Prince Dika Akwa par le
Secrétariat général et l’administration du Ngondo, pour opérer le transfert des meubles et bagages dans cet autre Mukanda dont le Ngondo est désormais le propriétaire, et qui a pris pour double nom de baptême, Mukanda m’a Ngondo ou Palais de la Culture Sawa.
Il est à espérer que cet outil infrastructure! sera gage d’un souffle aussi nouveau que fécond, en termes de productions intellectuelles, culturelles et associatives.
Manu Djemba
GIPHY App Key not set. Please check settings