La Communauté urbaine a repris hier dans ce quartier les démolitions entamées l’année dernière.
Le lieu dit nouvelle route Etoa-Meki a subi mercredi 28 janvier 2009 un nouveau rasage par les éléments de la Communauté urbaine de Yaoundé (Cuy). Armée d’une pelleteuse, l’équipe de la Communauté urbaine de Yaoundé a détruit les maisons qui avaient déjà été marquées par la croix de Saint André depuis le mois d’août 2008, sommant leurs occupants de partir des lieux. Jusqu’à la fin de l’après-midi, quelques policiers du Gmi étaient encore sur cet espace nu à veiller au grain. Plus loin après le pont sur cette route menant au carrefour Etoa-Meki, un car anti émeutes immatriculé SN 2669 était encore stationné au côté droit de la route.
Bien que les victimes des casses semblent sereines, elles sont tout de même surprises. " On nous avait prévenue en posant ces croix que le rendez-vous était pour janvier 2009, mais nous pensions que Tsimi Evouna allait arrêter de casser. C’est hier soir (mardi, ndlr) que ses agents sont passés dire qu’ils seront là. Et ce matin, nous avons été surpris ", déclare un père d’une famille de quatre enfants qui dit avoir perdu ses biens dans ce cafouillage où les petits voleurs du quartier auraient trouvé une bonne occasion pour soutirer ce qui ne leur appartenait pas.
La chapelle de la Vraie église de Dieu du Cameroun à quelque cinq mètres de la route n’a pas échappé aux démolisseurs de la Communauté urbaine. Seule la plaque qui l’indiquait renseigne encore sur son implantation ancienne en ce lieu. D’après Florence Makengne, dont la maison familiale est réduite en monceaux de béton, " Depuis que la pelleteuse a détruit la chapelle de la Vraie église de Dieu, elle est tombée en panne ", assure l’étudiante à l’Ecole supérieure de l’économie et de gestion d’entreprise (Supdeco) à Yaoundé.
A en croire Florence Makengne, le rasage du quartier Etoa Meki s’inscrirait dans l’ambition de la construction en ces lieux d’un complexe sportif par la Cuy. Toute chose que Mutations n’a pas pu vérifier car les responsables de la casse n’ont pas voulu parler à la presse qui s’est mobilisée pour relater de cet événement. En fait une dame qui s’est présentée comme " Me Mvogo " parlant au nom de la Cuy l’en a empêchée, appuyée par un élément du Gmi parmi qui a expulsé les journalistes du site. Un jeune homme et un quinquagénaire rapportent que le matin les reporters de Canal 2 International et de Vision 4 ont été interdits de couvrir les opérations de la casse. " J’ai vu un cameraman de Vision 4 qui se cachait afin de filmer ", dit le jeune homme.
Jusqu’à 16 heures, on s’activait encore à retirer le bois, le fer, les tôles des décombres pour les ranger dans les portes tout et les voitures pour des destinations diverses. Des poussières s’élevant des détritus et des coups de pelle et des massettes séparant les objets récupérables emplissaient l’air. Ce qui était jadis une banlieue et un quartier à haut risque de la capitale politique du Cameroun avec tout ce que cela comportait comme promiscuité est devenu depuis 7 heures hier un vaste paysage vide.
André T. Essomé Essomé (Stagiaire)