L’histoire de la création de Douala est étroitement liée à celle d’un homme méritant une reconnaissance historique. Alfred Saker, un missionnaire britannique visionnaire, est le véritable fondateur de la première école de Douala et a joué un rôle majeur dans le développement de la ville. Cet article met en lumière l’œuvre méconnue de Saker, sa contribution à l’éducation et à la transformation de Douala en une métropole prospère.
L’histoire coloniale nous a longtemps fait croire que Théodore Chistaller était le fondateur de la première école de Douala. Cependant, en lisant les travaux du Rév. Dr. Simon B. Njami-Nwandi sur les œuvres d’Alfred Saker, nous découvrons une injustice faite à ce dernier. Au-delà de la restitution de la vérité sur les accomplissements de Saker, ce texte explore l’histoire de la création de Douala, intimement liée à la vie de cet homme exceptionnel.
Le 10 juin 1845, un navire britannique accoste dans un village des Bonébéla qui allait devenir Deido. À son bord se trouve Alfred Saker, un jeune Anglais. Il est chaleureusement accueilli par les habitants environnants, marquant ainsi un événement historique fondamental qui décidera du destin de Douala et même du Cameroun tout entier.
En tant que souverain de Bonakou, dont les Bonébéla sont les vassaux, le chef visionnaire saisit cette opportunité et l’exploite au mieux des intérêts de son peuple. L’étranger intéressant qui débarque n’est pas simplement de passage, il souhaite s’installer durablement. La Cour Royale d’Akwa ordonne donc à Deido de lui céder cet étranger. Le 22 juin 1845, Saker s’installe définitivement à Bonakou et devient ainsi le noyau et le centre rayonnant de la future ville de Douala. Son épouse le rejoint le 28 juin 1845. Mais qui est cet étranger privilégié pour lequel on se dispute ?
Alfred Saker est né en Grande-Bretagne en 1815. À cette époque, l’Empire Britannique est considéré comme la plus grande puissance de la planète. En tant que missionnaire baptiste, Saker fait partie de l’équipe missionnaire de la Société Baptiste de Londres. Lorsqu’il débarque à Douala en 1845, âgé de trente ans, il est engagé comme mécanicien chargé de l’entretien et des installations techniques des vaisseaux de la flotte missionnaire. Toutefois, en raison de la rareté des pasteurs et de son ambition, Saker se convertit en évangéliste et est envoyé au Cameroun après avoir amélioré sa formation théologique. Son expérience en tant que technicien qualifié dans divers métiers fait de lui un missionnaire laborieux et efficace.
Dès qu’une portion de terrain lui est offerte sur l’esplanade dominant la berge du Wouri, dans le quartier actuel du quartier Akwa, Alfred Saker entreprend immédiatement la construction de ce qui deviendra la première école de Douala. En 1847, il ouvre officiellement cette école, qui accueille des élèves locaux ainsi que des enfants d’autres régions du Cameroun. L’éducation devient ainsi accessible à un plus grand nombre de personnes, contribuant à l’émancipation et au développement de la région.
La vision d’Alfred Saker dépasse largement celle d’une simple école. Il comprend l’importance de l’éducation dans le développement d’une société et entreprend également la construction d’autres infrastructures. Il érige des bâtiments administratifs, des maisons, des ateliers, et même une église. Il développe ainsi un véritable centre de vie et de prospérité pour la communauté naissante.
Outre son rôle dans l’éducation, Alfred Saker joue un rôle essentiel dans la modernisation de Douala. Il introduit de nouvelles techniques agricoles, telles que la culture du cacao, du café et du palmier à huile, contribuant ainsi au développement économique de la région. Il favorise également le commerce en établissant des relations avec les commerçants européens et en encourageant les échanges commerciaux.
Alfred Saker est un homme visionnaire et persévérant. Malgré les difficultés rencontrées, notamment les conflits avec d’autres puissances coloniales et les résistances locales, il ne cesse de travailler pour améliorer la vie des habitants de Douala. Son influence et son impact sur la ville sont incontestables.
Pourtant, l’histoire a souvent négligé la contribution d’Alfred Saker à la fondation de Douala. Le mérite de la création de la première école de Douala a souvent été attribué à Théodore Chistaller, un missionnaire allemand arrivé quelques années plus tard. Cependant, les recherches historiques récentes rétablissent la vérité et mettent en lumière le rôle central d’Alfred Saker.
Aujourd’hui, il est important de reconnaître l’œuvre de ce missionnaire britannique et son héritage dans le développement de Douala. Sa vision éducative et son engagement en faveur du progrès ont jeté les bases de la ville que nous connaissons aujourd’hui. Alfred Saker est un exemple inspirant de dévouement et de persévérance, et son héritage doit être préservé et célébré.
En conclusion, Alfred Saker est le véritable fondateur de la première école de Douala et a joué un rôle clé dans le développement de la ville. Sa vision éducative, sa contribution à l’agriculture et au commerce, ainsi que ses efforts pour moderniser la région, ont laissé une empreinte durable sur Douala. Il est temps de rendre hommage à cet homme exceptionnel et de reconnaître son rôle dans l’histoire de la ville.
NBE