Le pont a été construit entre 1951 et 1954 par la Société de construction des Batignolles, avec le concours de la Compagnie industrielle de Travaux Publics, Campenon-Bernard et Hersent.
Il relie Bonabéri à la ville de Douala, dans la région du Littoral.
Le pont qui relie Douala à Bonaberi a été à cette époque le plus long pont en béton construit en Afrique et troisième pont du continent par sa longueur de 1830m.
Les 1830 mètres de son développement entre Douala et Bonabéri ont été réalisés sur 5 travées de 45 mètres au-dessus du chenal, 11 travées de 45 mètres en courbe sur piles à faible profondeur et une digue de 795 mètres reposant sur un banc de sable entre les deux bras du Wouri.
Egalement 5 travées de 45 mètres pour le franchissement du canal de Deido, soit deux ponts de 720 mètres et de 315 mètres respectivement et une digue intermédiaire.
Prévus initialement pour une largeur de 11 mètres, les tabliers des deux ponts furent finalement construits pour une chaussée de 10 mètres, avec la voie ferrée s’encastrant en son milieu, et 2 trottoirs de 1 m. 40, soit une largeur totale de 13 mètres.
Quant à la digue, large de 22 mètres, elle porte une chaussée de 16 mètres.
Simultanément, sur cet axe 2 voitures dans chaque sens et un train peuvent circuler en même temps.
Le pont du Wouri est entré dans l’histoire des ouvrages de l’Afrique, par sa forme en courbe et sa structure en béton.
Le pont a été inauguré le 15 Mai 1955 par Mr Pierre Henri Teitgen, Ministre de la France d’Outre-mer.
Cet événement était d’une grande importance car à cette époque la France avait décidé de donner un grand coup d’accélérateur au développement du Cameroun en lançant presque simultanément plusieurs grands travaux, de 1951 à 1954.
Il y avait la route Douala-Edéa, celle de Yaoundé-Mbalmayo-Sangmelima, la route Yaoundé-Obala, la route Douala-Nkongsamba, la construction de l’usine Alucam à Edéa qui devait profiter du courant électrique en provenance du barrage hydroélectrique dont on venait d’achever l’édification pour raffiner la bauxite en provenance de la Guinée Conakry et en extraire l’aluminium.
C’est aussi à la même période que l’on construisait l’Hôtel des Postes de Douala.
Inauguration du pont sur le Wouri le 15 Mai 1955.
L’inauguration fut un grand moment solennel pour le Cameroun.
Article du journal « Le messager » paru pour cet événement:
« Parti de Cotonou la capitale du Dahomey (Bénin) le samedi 14 mai, le Ministre Pierre Henri Teitgen accompagné de messieurs Forster, conseiller au secrétariat général de la présidence de la République à Paris et haut conseiller de l’Union française, Georgy, chef de cabinet du ministre et le capitaine Sékou Koné son aide de camp, arrivera à Yaoundé où il foule pour la première fois le sol camerounais dans l’après-midi du 14 mai 1955.
Il est accueilli par M. Roland Pré, haut commissaire de France au Cameroun, entouré de messieurs Spénale, secrétaire général du haut commissariat, Paul Soppo Priso, président de l’Assemblée territoriale, Louis Paul Aujoulat député, Njoya Arouna sénateur, le colonel Stahele, commandant militaire de Yaoundé, Joud chef de région à Yaoundé.
Moins de deux heures après son arrivée au Cameroun, le ministre français prendra la parole devant les conseillers de l’Assemblée territoriale du Cameroun (Atcam) réunis en séance extraordinaire.
Il a saisi l’occasion pour faire un bilan de l’action de la France au Cameroun depuis 1946 et énumérer quelques projets d’avenir.
Prenant la parole à son tour pour répondre au propos du ministre Tertgen, Paul Soppo Priso, président de l’Atcam, soulignera entre autres avec force le poids élevé des remboursements des interventions du Fonds d’intervention pour le développement économique et social (Fides), principal financier du développement économique et social des pays africains de la France d’Outre-mer. Alors que ce fond avait été constitué avec des sommes prélevées dans les pays africains, Paul Soppo Priso estimait que les délais de remboursement et les intérêts exigés des pays africains n’étaient pas de nature à faire progresser notre développement.
Le ministre dit alors avoir pris bonne note et qu’il allait en parler au président de la République française dès son retour à Paris.
La séance terminée, le ministre prit congé des conseillers et se retira au palais du gouverneur. »